Le ressenti

 

Monsieur Hollande, candidat à la Présidence de la République, reprend le concept de la température ressentie qui nous a subjugué pendant la dernière vague de froid.

J’ai testé la méthode sur ma terrasse sur laquelle le vent s’engouffre en tourbillon. En appliquant la formule dite scientifique, j’ai noté une température de moins 47 degrés alors que l’eau de la gamelle du chien n’était pas gelée.

En s’éloignant du factuel, on peut rassembler largement les gens en jouant sur le curseur du ressenti et de la jalousie.

Monsieur Hollande invoque « l’ordre juste » parce qu’il sait que l’ordre, l’ordre tout court est ressenti comme injuste par les malfrats pourchassés systématiquement par la police.

Le ressenti justifie aussi une mobilisation des travailleurs astreints à 21 H de temps de travail effectif équivalent 35 H qui ressentent cruellement la lenteur de la trotteuse de la pendule plantée devant leurs yeux par provocation, alors que l’artisan (comme dans la pub) passe 12 H par jour en sifflotant dans son estafette Renault Master pour faire sa tournée.

Faire ressentir le travail comme étant une malédiction du genre humain est facteur de rassemblement. Ainsi les actifs ressentiront la retraite comme l’objectif de leur vie à accomplir dès 60 ans ou 55 ans.

Le ressenti permet à monsieur Hollande de s’affranchir de la contrainte des chiffres. Pour lui, un milliard de feuilles de papier à cigarette empilées les unes sur les autres représente en ressenti une hauteur comprise entre celle de l’arc de triomphe et les jours de lucidité, celle de la tour Eiffel.

Alors, comme monsieur Hollande veut dépenser pour tout ce qu’il ressent comme étant juste, il peut manipuler les milliards avec un sourire qui nous ré enchante.

En nous ré enchantant, il compte bien se faire élire et ça c’est du concret.

Alors, nous découvrirons qu’un milliard de feuilles de papier à cigarette empilées les unes sur les autres font vingt kilomètres soit 70 fois la hauteur de la tout Eiffel.

Mais il sera élu pour cinq ans.